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Revanche ou rengaine?

Revanche ou rengaine?

De vieilles rivales en quête de l’or à Kamloops

Publié 27.03.2016 08:00 GMT-7 | Auteur Lucas Aykroyd
Revanche ou rengaine?
L'Américaine Anne Schleper dirige un tir vers la gardienne de but canadienne Ann-Renée Desbiens pendant le match pour la médaille d’or du Championnat mondial de hockey sur glace féminin 2015 de l’IIHF. Photo : André Ringuette / HHOF-IIHF Images
Qui gagnera le Championnat mondial de hockey sur glace féminin 2016 de l’IIHF à Kamloops? La réponse se trouve en partie dans la valeur accordée aux vétérantes.

Toujours amères de leur défaite de 7-5 l'année dernière aux mains des Américaines, leurs plus grandes rivales, lors du match pour la médaille d’or à Malmö, en Suède, les Canadiennes miseront sur de vaillantes vétérantes pour prendre leur revanche à domicile. Elles seront accueillies chaleureusement par la foule de 5 464 spectateurs au Sandman Centre pendant le tournoi se déroulant du 28 mars au 4 avril.

Hayley Wickenheiser, meilleure pointeuse de tous les temps, était absente à Malmö en raison d'une blessure au pied. Meghan Agosta, Joueuse par excellence du tournoi olympique de 2010, poursuivait une carrière au sein du service de police de Vancouver. Meaghan Mikkelson, défenseure nommée à l'équipe des étoiles du Mondial féminin à deux reprises, s'accordait une pause le temps de fonder une famille. Les voilà toutes trois de retour.

Wickenheiser et Mikkelson – de même que Rebecca Johnston et Briane Jenner, leurs coéquipières au sein de l'Inferno de Calgary et de l'équipe nationale – ont encore en tête leur triomphe en séries éliminatoires de la Ligue canadienne de hockey féminin (LCHF), où elles ont remporté la coupe Clarkson plus tôt ce mois-ci.

Dans l'ensemble, les visages familiers sont nombreux pour le Canada, qui a gagné les quatre dernières médailles d’or olympiques. Seulement deux joueuses feront leurs débuts au Mondial féminin sous la direction de l'entraîneure-chef Laura Schuler : la gardienne de but Erica Howe et l'attaquante Blayre Turnbull.

À moins qu'une équipe cause la surprise, comme ce fut le cas de la Suède aux Jeux olympiques de 2006, en demi-finale contre les États-Unis, le Mondial féminin de cette année se conclura de nouveau par une finale nord-américaine.

Les Américaines ont l'intention de défendre une troisième fois de suite leur titre de championnes mondiales. Une telle réussite préparerait à merveille le terrain en vue de leur accueil du tournoi en 2017, qui aura lieu au USA Hockey Arena à Plymouth, au Michigan.

Ainsi, du côté de USA Hockey aussi, on prend les grands moyens pour connaître du succès. Dix-huit des 23 joueuses sélectionnées faisaient partie de l'équipe médaillée d'or à 2015 en Suède. De retour derrière le banc, l'entraîneur-chef Ken Klee sait que ses attaquantes clés joueront à plein régime.

Hilary Knight, la meilleure avant de puissance au monde, et Brianna Decker, sa partenaire de trio fort habile, ont uni leurs efforts pour remporter la toute première Coupe Isobel avec le Pride de Boston dans la National Women’s Hockey League (NWHL), qui s'est établie comme plus grande rivale de la LCHF en devenant la première ligue de hockey féminin à rémunérer ses joueuses. La performance de neuf points en quatre matchs de Decker lui a valu le titre de Joueuse par excellence des séries éliminatoires. Ce n'est donc pas un hasard si Knight et Decker ont terminé respectivement au premier et deuxième rang parmi les pointeuses du Mondial féminin l'année dernière.

La formation montre beaucoup de profondeur à ce chapitre. Par exemple, Kendall Coyne, de l'équipe Northeastern, est la seule joueuse à avoir marqué 50 buts dans un programme de la division I de la NCAA cette saison, tandis qu'Alex Carpenter et Haley Skarupa, deux coéquipières de Boston College, figuraient toutes deux parmi les meilleures pointeuses au niveau universitaire.

Ajoutez à cette formation une brigade défensive aguerrie formée entre autres des étoiles de 2015 Monique Lamoureux, Kacey Bellamy et Megan Bozek, et les États-Unis formeront une équipe dure à battre.

Toutefois, les souvenirs de Sotchi planeront sur cet événement. Lors du match pour la médaille d’or olympique de 2014 contre le Canada, les Américaines menaient par un pointage de 2-0 alors qu'il restait moins de quatre minutes à jouer, pour ensuite s'effondrer. Après un but de Brianne Jenner qui a réduit l'écart à 2-1, l'attaquante américaine Kelli Stack a frappé le poteau du filet désert des Canadiennes. Marie-Philip Poulin a créé l'égalité dans les derniers instants de la rencontre, avant de briser le cœur des Américaines en inscrivant le but gagnant à 8 min 10 s de la prolongation. (Poulin, qui avait également marqué les deux buts du Canada dans sa victoire de 2-0 au match pour la médaille d’or à Vancouver en 2010, a été nommée Joueuse par excellence dans la LCHF cette saison.)

Les Américaines n'ont pas triomphé en finale des Jeux olympiques depuis le premier tournoi de hockey féminin en 1998. Ainsi, une médaille d'or à Kamloops pourrait s'avérer un tremplin important en vue des Jeux olympiques d’hiver de 2018 à PyeongChang, en Corée.

Pour la Finlande et la Russie, les deux autres équipes du groupe A, le bronze semble un objectif réaliste. D'ailleurs, les Finlandaises ont disputé tous les matchs pour la médaille de bronze du Mondial féminin depuis 1990 et ont terminé en troisième place à Malmö.

Les Finlandaises n'ont plus la gardienne étoile Noora Raty devant le filet depuis 2014, mais elles comptent maintenant sur Meeri Raisanen, qui a été nommée à l'équipe des étoiles du tournoi l'année dernière et qui, comme Raty, a joué au hockey masculin dans la troisième division de la Finlande cette saison. La joueuse talentueuse et tenace Jenni Hiirikoski, nommée Meilleure défenseure lors des trois derniers tournois du Mondial féminin, patrouillera la ligne bleue. L'attaquante Riikka Valila, toujours étincelante à 43 ans, mènera l'offensive avec l'aide de l'explosive Michelle Karvinen.

La Russie pourra-t-elle obtenir une médaille, la troisième seulement de son histoire, après avoir remporté le bronze en 2001 et en 2013? Les avants Olga Sosina et Iya Gavrilova ont mené l'attaque des leurs à Malmö. Fanuza Kadirova, la petite, mais puissante joueuse de 17 ans a été l'une des étoiles du Championnat mondial féminin des M18 en janvier à St. Catharines. Si elle peut afficher un instinct de marqueuse digne de Pavel Bure à Kamloops, elle sera un immense atout. La Russie devra cependant resserrer son jeu en défensive. Le match qu'elle a perdu 13-1 contre les États-Unis a été la plus cinglante défaite de l'année dernière.

Au sein du groupe B, qui s'exécutera sur la patinoire du McArthur Island Centre, où 1 000 spectateurs pourront assister aux matchs, les Suisses et les Suédoises ne peuvent être exclues des prétendantes à la médaille de bronze. Après tout, elles ont causé la surprise en se disputant la troisième place à Sotchi, où les Suisses ont marqué l'histoire en l'emportant 4-3.

Alina Muller, de la Suisse, s'est jointe à Kadirova à titre d'étoile des M18 cette année, et elle affiche une volonté farouche de vaincre qui n'a d'égal que son niveau d'habileté. Il sera intéressant de surveiller les performances de Christine Huni (née Meier), meilleure pointeuse de la ligue suisse ayant participé à cinq championnats mondiaux et deux Jeux olympiques, qui fera son retour à la compétition internationale après une absence de cinq ans. Malgré tout, il y a fort à parier que le succès de la Suisse passera par la gardienne de but Florence Schelling, Joueuse par excellence des Jeux olympiques de 2014.

Des succès inattendus aux Jeux olympiques, comme la médaille d’argent en 2006, ont masqué quelque peu un déclin, dans l'ensemble, de la qualité du programme de la Suède. Les Damkronorna n'ont étonnamment pas remporté de médaille au Mondial féminin depuis 2007.

L'entraîneur-chef, Leif Boork, souhaite sans doute que son équipe affiche une production supérieure à celle de sa dernière présence à Kamloops lors de la Coupe des 4 nations 2014. La Suède avait alors encaissé trois défaites consécutives par blanchissage avant de vaincre la Finlande dans le match pour la médaille de bronze. Les Suédoises auront besoin de l'apport offensif de Pernilla Winberg et d'Anna Borgqvist, meilleure pointeuse de l'équipe en 2015, même si elles ont subi plusieurs opérations aux genoux. Il faudra en outre que la gardienne de but Sara Grahn se dresse devant son filet.

Par ailleurs, le Japon et la République tchèque disputeront vraisemblablement la série 2 de 3 en ronde de relégation. Les Japonaises, qui ont obtenu une victoire historique en tirs de barrage contre l'équipe hôte de la Suède en ouverture de tournoi l'année dernière, risquent d'être les favorites. Nana Fujimoto a été nommée Meilleure gardienne de but en 2015. Les Tchèques, qui ont récemment grimpé au classement mondial, avaient inscrit un seul gain à leur seule participation au Mondial féminin jusqu'à maintenant (une victoire de 3-2 contre la Suède en 2013), et elles se fieront en grande partie aux qualités de meneuse de l'attaquante Alena Polenska.

Fait intéressant, en 2015, les résultats du premier jour du tournoi ont reflété ceux du dernier : les États-Unis ont battu le Canada, et la Finlande a vaincu la Russie. Peu importe si les équipes qui s'affronteront dans la ronde des médailles le 4 avril sont les mêmes ou non cette année, les joueuses, les partisans, les médias et les bénévoles à Kamloops auront droit à un véritable spectacle au Championnat mondial de hockey sur glace féminin 2016 de l’IIHF.

 

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