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Les pionnières de la rondelle

Les pionnières de la rondelle

Un livre explore les origines du hockey féminin

Publié 30.03.2016 13:48 GMT-7 | Auteur Lucas Aykroyd
Les pionnières de la rondelle
L'équipe féminine de Vancouver en 1914.
Le Mondial féminin 2016 est un jalon moderne du hockey féminin dans l’Ouest canadien; les origines du sport ici remontent à un siècle, comme un livre le révèle.

Wayne Norton est un auteur et historien de Victoria et un ancien enseignant de l’école secondaire de Kamloops. Nous l’avons interviewé à propos de Women on Ice: The Early Years of Women’s Hockey in Western Canada (Ronsdale Press), dont la création a été quelque peu inhabituelle.

Qu’est-ce qui vous a inspiré à écrire Women on Ice, comment vous y êtes-vous pris pour la recherche?

Il y a environ 20 ans, je préparais un livre sur l’histoire de Fernie, une petite ville du sud-est de la Colombie-Britannique, lorsque j’ai vu une photo d’une équipe féminine dont le nom était les Swastikas de Fernie, en 1923. Ce fut un choc, non seulement en raison de l’emblème sur le chandail de l’équipe, mais aussi parce que je n’avais aucune idée que des femmes jouaient au hockey dans les années 1920. J’ai décidé d’inclure un article sur les Swastikas dans le livre et j’ai commencé à apprendre sur leurs adversaires de Calgary et Vancouver et l’importance d’un tournoi annuel de hockey féminin à Banff.

Cela a piqué ma curiosité à propos de toute l’histoire du hockey féminin dans l’Ouest canadien. J’ai senti que je devais tenter de raconter une histoire plus vaste, mais la recherche était frustrante. Les joueuses étaient parties depuis longtemps et les sources d’information étaient rares. J’ai dû me fier beaucoup sur les articles de journaux, une source qu’un historien de tout genre doit traiter avec précaution.

Clairement, les Swastikas avaient un nom qui serait considéré comme totalement inapproprié aujourd’hui. Pouvez-vous mettre ce nom en contexte et décrire sa place dans l’histoire du hockey en C.-B?

Il y a eu les clubs de patinage « Swastika » dans plusieurs communautés canadiennes au début du 20e siècle et les équipes associées à ces clubs se sont approprié ce nom. Il y avait un seul club de ce nom à Vancouver durant les années de la guerre. Je pense que les joueuses de Fernie (qui étaient toutes des enseignantes et des commis de bureau) ont simplement adopté le nom sans former un club officiel de patinage. L’emblème était seulement un ancien symbole d’un heureux coup du sort et n’avait aucune association politique jusqu’à ce qu’il ne soit adopté et sali par les nazis. Comme vous le dites, aucune équipe aujourd’hui ne pourrait envisager d’adopter ce nom.

Les Swastikas de Fernie étaient la deuxième (et dernière) équipe de la Colombie-Britannique à remporter la coupe Alpine au Carnaval d’hiver de Banff. La coupe mérite une mention. Elle a été donnée par le Club alpin du Canada en 1920-1921 dans l’intention précise qu’elle devrait être l’équivalent féminin de la coupe Stanley. On ne sait plus où elle se trouve aujourd’hui.

À quel point le hockey féminin était-il différent à ses premiers jours par rapport à aujourd’hui?

Ce sport avant 1914 était différent de deux façons importantes. Les débutantes commencent toujours avec le niveau d’habiletés de débutantes. Les joueuses de hockey étaient souvent poliment ridiculisées par les journalistes dans les années avant la Première Guerre mondiale. Alors que leur jeu s’est amélioré de façon draconienne, on ne voyait plus ce type de commentaires à la fin de la guerre. Je ne perçois jamais ce ridicule dans les reportages des matchs de hockey féminin aujourd’hui.

L’autre changement est de nature visuelle, mais cela aussi avait changé grandement dans les années 1920. Les joueuses de hockey avant la Première Guerre mondiale devaient s’habiller de façon respectable. Avec des jupes longues et épaisses sur la glace et en dehors. Cela a changé rapidement. Si vous regardez la photo des Swastikas de Fernie en 1923, les joueuses sont habillées comme les hommes aujourd’hui.

Quelles sont les équipes féminines importantes du début du 20e siècle qui méritent le plus de reconnaissance?

En Colombie-Britannique, l’équipe de hockey des Rossland Ladies devrait être au Temple de la renommée des sports de la C.-B. Les Regents/Hollies de Calgary des années 1920 et les Rustlers d’Edmonton des années 1930 mériteraient notamment le même honneur en Alberta.

Frank Patrick est une légende du hockey. Il a entre autres cofondé la Pacific Coast Hockey Association (PCHA), remporté la coupe Stanley en 1915 avec les Millionaires de Vancouver, inventé la ligne bleue et le tir de punition et a été admis au Temple de la renommée du hockey en 1950. Quel rôle a-t-il joué dans le développement du hockey féminin?

Son rôle était essentiellement celui d’un entrepreneur ambitieux. Particulièrement avec sa commandite des Amazons de Vancouver en 1921, son but était d’apporter une plus grande attention à la PCHA. Très tard dans la saison, il a annoncé la tenue d’un tournoi pour le premier championnat international féminin. Les Amazons étaient prêtes, mais Victoria et Seattle ont dû travailler fort pour monter des équipes. Les matchs entre les Amazons, les Kewpies de Victoria et les Vamps de Seattle étaient joués durant les entractes des matchs réguliers de la PCHA. Patrick espérait que les matchs de hockey féminin contribueraient à augmenter les recettes au guichet. Lorsqu’il s’est aperçu que ce n’était pas le cas, il semble avoir perdu l’intérêt.

À quoi attribuez-vous la disparition virtuelle du hockey féminin organisé en Colombie-Britannique entre les années 1930 et 1970, et qu’est-ce qui a attisé la renaissance?

C’est une question difficile. Les femmes ont commencé à pratiquer le hockey avant la Première Guerre mondiale tandis que les standards victoriens rigides étaient assouplis dans les années 1920. Le sport a atteint son sommet de popularité en Colombie-Britannique dans les années 1920. Au départ, je pensais que la crise économique expliquait sa disparition de la province à la fin de la décennie, mais le sport est demeuré fort au sein de la province voisine de l’Alberta dans les années 1930.

On pourrait dire que sa popularité initiale devrait être associée à la première vague de féminisme et sa renaissance dans les années 1970 à la deuxième vague de féminisme. Je ne peux affirmer que c’est ce qui explique sa renaissance, mais je ne suis pas certain de savoir ce qui explique sa disparition.

Pourquoi les joueuses, amateurs et membres des médias au Championnat mondial féminin 2016 de l’IIHF sont-ils sensibles à ce que ces femmes ont fait en tant que pionnières du hockey dans l’Ouest canadien il y a 100 ans?

La même question pourrait être posée à propos de tout pionnier dans n’importe quel domaine. Et la réponse est toujours la même : ce qui a été fait avant rend toujours ce qui suit possible.

Les joueuses devraient s’y attarder parce que les pionnières ont donné la possibilité de pratiquer ce sport. Les amateurs devraient s’y attarder parce qu’une occasion d’apprécier l’excellence sportive et un divertissement a été créée. Les médias devraient s’y attarder parce que Championnat mondial féminin de l’IIHF a un lien avec le passé qui peut être exploré pour expliquer et interpréter l’actuel tournoi à Kamloops pour leurs téléspectateurs et lecteurs.

 

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