Fédération internationale de hockey sur glace

Le pouvoir au féminin

Le pouvoir au féminin

La portée du hockey s’étend au-delà de l’aréna

Publié 28.03.2016 15:04 GMT-7 | Auteur Lucas Aykroyd
Le pouvoir au féminin
Le Mondial féminin 2016 est une source d’inspiration invitant les jeunes femmes à mordre dans la vie à pleines dents. Photo : Jeff Vinnick / HHOF-IIHF Images
Si quelqu’un demande pourquoi le Mondial de hockey féminin est si important, répondez qu’il fait partie de quelque chose de plus grand : le pouvoir au féminin.

D’une part, il s’agit simplement d’un slogan amusant rendu populaire par les Spice Girls il y a 20 ans. D’autre part, ce tournoi est une vraie démonstration du pouvoir au féminin.

En 1956, une jeune fille du nom d’Abby Hoffman a dû faire semblant d’être un garçon pour jouer au hockey à Toronto – la ville où règne la plus forte fièvre du hockey. Prenons quelques instants pour réfléchir à cela.

Aujourd’hui, de jeunes femmes fortes et confiantes se sont rendues à Kamloops en provenance de huit pays sur trois continents pour étaler leur talent devant des milliers de spectateurs et de téléspectateurs du 28 mars au 4 avril.

Au total, ces huit pays comptent actuellement plus de 174 000 joueuses inscrites. Et il y a encore place à l’expansion.

Depuis le premier Mondial féminin à Ottawa en 1990, la visibilité et la viabilité du hockey féminin ont fait des pas de géant. Au Canada, cette année-là, il y avait 8 146 joueuses inscrites. Aujourd’hui, il y en a 86 612. Voilà ce qu’est la puissance au féminin.

Le sport s’étend également sur la scène internationale. Vous voulez savoir à quel point? Alors qu’il s’apprêtait à monter dans l’avion pour se rendre de Vancouver à Kamloops, un partisan américain portant une casquette du Pride de Boston et un manteau de la USA Hockey a dit à un partisan japonais : « Il est difficile de ne pas encourager le Japon parce qu’elles [les joueuses] semblent toujours s’amuser ».

Pour les amateurs, les médias et les joueuses, que vous privilégiiez les sensations fortes, les surprises ou l’impact sociétal, chacun trouvera chaussure à son pied dans la « Capitale des tournois du Canada. »

En ce qui a trait aux sensations fortes, le hockey féminin international livre la marchandise. Plusieurs sont d’avis que le Mondial junior offre habituellement les finales les plus excitantes des compétitions de l’IIHF, comme la victoire de 3-2 de la Finlande sur la Russie en prolongation cette année. Mais souvenez-vous des Olympiques de 2014. On peut difficilement prétendre que la remontée spectaculaire du Canada en route vers sa victoire de 3-2 sur les Américaines n’a pas été le match le plus fou présenté à Sotchi – que ce soit du côté des hommes ou des femmes.

La finale du Mondial féminin de l’an dernier a été celle au cours de laquelle le plus de buts ont été marqués… de tous les temps. Les États-Unis ont persisté pour finalement l’emporter 7-5. Et les trois matchs précédents pour l’or entre les rivales nord-américaines ont tous été décidés par un seul but. Un rythme cardiaque élevé est donc de rigueur.

Qu’en est-il des surprises? Puisque ce sport est encore jeune, les surprises sont énormes lorsqu’elles surviennent.

Il va sans dire que la plupart des experts prédisent que l’entraîneur américain Ken Klee et l’entraîneure canadienne Laura Schuler s’affronteront au dernier soir au Sandman Centre. Cependant, il ne faut pas oublier que la Suède a surpris les Américaines en les battant 3-2 en tirs de barrage en demi-finale des Olympiques à Turin il y a 10 ans. Un excellent travail devant le filet, comme ce fut le cas pour Kim Martin ce jour-là, et une performance offensive digne d’une virtuose, comme le tour du chapeau de Maria Rooth, pourraient entraîner une victoire surprise des Finlandaises ou des Russes sur les Canadiennes ou les Américaines cette année.

Année après année, nous assistons à d’autres résultats surprenants, de la remontée historique de la Suisse pour s’emparer de la médaille de bronze contre les Suédoises à Sotchi, à la victoire de 4-3 du Japon en tirs de barrage sur l’équipe hôte, le Damkronorna, l’an dernier à Malmö. La confiance que de tels succès insufflent à ces pays émergents rendra la compétition à ce tournoi de plus en plus serrée au fil des ans.

Cela dit, la puissance au féminin représente plus que ce qui se passe sur la glace pendant 60 minutes.

Le sport fait partie de la culture. Il reflète l’émancipation croissante des femmes de participer à la société à part entière et égale. En jetant un regard sur l’ensemble de la planète, cette situation ne doit pas être prise à la légère.

Historiquement, les femmes des huit pays réunies à Kamloops ont déjà contribué de façon importante à toutes les formes de la culture mondiale.

La première femme dans l’espace a été la Russe Valentina Tereshkova. Yoko Ono du Japon et Rosa Parks des États-Unis sont des icônes du mouvement pacifiste et des droits de la personne, respectivement. Les adeptes de la littérature pour enfants mettant en vedette des personnages féminins forts vénèrent Lucy Maud Montgomery du Canada (Anne… la maison aux pignons verts), Astrid Lindgren de la Suède (Fifi Brindacier), Johanna Spyri de la Suisse (Heidi) et Tove Jansson de la Finlande (les livres de Moomin). Et toute conversation sérieuse sur la plus grande athlète du 20e siècle doit indubitablement considérer la joueuse de tennis tchèque Martina Navratilova.

La liste est longue. Mais en ce qui a trait à ce tournoi, alors que des héroïnes fictives dans des films comme La Reine des Neiges et The Hunger Games font un tabac au cinéma, il est réconfortant de savoir que les jeunes femmes ont aussi de vraies héroïnes comme Hayley Wickenheiser et Hilary Knight dont elles peuvent s’inspirer.

Des slogans comme « Strong is the new skinny », un mouvement qui encourage la femme à être forte et en santé à défaut d’être maigre, ont de plus en plus la cote. Les filles apprennent qu’elles n’ont pas à s’excuser de s’entraîner pour être aussi rapides, agiles et puissantes que possible pour leur sport. Un exemple concret : la photo de Knight en 2014 pour un numéro du magazine Body d’ESPN qui documentait l’entraînement rigoureux de l’avant de puissance avec des haltères kettlebell et des accroupis avec haltères.

Il est donc très à propos que le tournoi de 2016 ait lieu dans un pays dont le nouveau premier ministre n’a pas hésité à dire publiquement qu’il était un féministe. Justin Trudeau a déjà étudié et enseigné à Vancouver, située à seulement quatre heures de route de Kamloops.

L’ambiance ici va être formidable.

« Comme joueuse, j’ai toujours aimé les tournois au Canada parce que la foule était électrisante et nombreuse », a déclaré la légende américaine Cammi Granato, qui a pris part à tous les Mondiaux féminins de 1990 à 2005.

Certaines des filles qui suivront les matchs participeront à la prochaine Fin de semaine mondiale du hockey féminin (8-9 octobre). D’autres se tailleront une place au sein d’une équipe de la LCHF ou de la NWHL. Et d’autres deviendront des étoiles de nos équipes nationales de demain.

Toutes pourront s’inspirer de ce qu’elles verront au Championnat mondial féminin dans leur vie de tous les jours et leur carrière parce que dans ce cas-ci, la puissance au féminin est bien plus qu’un slogan accrocheur.

 

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