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Le legs en or de Granato

Le legs en or de Granato

La légende américaine parle du hockey féminin

Publié 28.03.2016 09:32 GMT-7 | Auteur Martin Merk
Le legs en or de Granato
Cammi Granato, la meilleure pointeuse américaine de tous les temps, a écrit une page d’histoire en 2008 en devenant la première femme intronisée au Temple de la renommée de l’IIHF. Photo: Matthew Manor / HHOF-IIHF Images
Avant Hilary Knight, il y avait Cammi Granato. Au cours de ses 15 ans de carrière auprès de l’IIHF, de 1990 à 2005, elle était le visage de USA Hockey.

Au moment de sa retraite, l’avant née à Chicago était la meilleure pointeuse de tous les temps au hockey féminin international. Elle a remporté la première médaille d’or olympique aux Jeux de Nagano en 1998 et a mené les Américaines à leur premier titre mondial en 2005. Granato a aussi été nommée à l’équipe des étoiles du tournoi à trois reprises (1992, 1997, 2002). Au total, la capitaine de longue date de la formation américaine a remporté deux médailles d’or et neuf médailles d’argent lors de compétitions de l’IIHF.

En 2008, elle et ses anciennes rivales canadiennes Angela James et Geraldine Heaney sont devenues les premières femmes à être intronisées au Temple de la renommée de l’IIHF. Granato et James ont également été les premières femmes admises au Temple de la renommée du hockey en 2010.

Aujourd’hui, elle habite Vancouver avec son mari, l’ancien joueur de la LNH et actuel commentateur du réseau TSN, Ray Ferraro, et leurs enfants. IIHF.com a rencontré Granato alors qu’elle était en vacances en Floride afin de recueillir ses commentaires sur divers aspects du hockey féminin.

Sur ses contacts avec le sport de nos jours

Je ne peux pas participer autant que je le voudrais. Je pourrais participer plus si je voulais m’envoler un peu partout, mais j’ai sacrifié beaucoup de temps avec ma famille lorsque je jouais. Maintenant, je suis heureuse à faire ce que je fais, élever mes enfants. Je choisis de ne pas être trop occupée. Autrement, je serais plus impliquée si je me sentais autrement. Mais ils sont ma priorité. Alors, cela m’a empêchée de participer plus au sport, ce qui est difficile.

Mais j’ai dirigé ma première équipe de hockey cette année, ce qui a été très amusant. J’étais excitée, mais je me demandais si j’allais pouvoir respecter mon engagement. J’ai adoré chaque minute. Mon fils Riley jouait avec Hollyburn à West Vancouver. Ce fut très amusant avec un groupe de garçons de sept et huit ans. Ray a aidé aussi lorsqu’il était à la maison.

Sur ses souvenirs de gagner l’or olympique à Nagano

C’est un des souvenirs que ne s’effacent jamais. Je peux y revenir n’importe quand dans ma tête – je me souviens de toutes les parties du match et de l’après-match. J’ai toujours pensé gagner. J’ai regardé l’équipe du « Miracle sur glace » de 1980 et je m’imaginais à quoi pouvait ressembler gagner. C’était toujours à propos de la fête. Je me disais : « Je veux vivre ça, ressentir cette exubérance et être au sommet du monde après la victoire. » Je m’étais toujours concentrée sur le sentiment. Pouvoir sauter dans le tas et gagner est ce dont j’avais toujours rêvé.

Mais je n’avais jamais pensé à la médaille. Je n’avais jamais pensé ce que le fait d’avoir une médaille représenterait. Quand j’ai vu arriver le plateau de médailles, j’avais de la difficulté à respirer. J’avais complètement oublié que nous allions vraiment recevoir cette médaille, ce symbole de ce que nous venions de gagner. Lorsqu’on l’a suspendue à mon cou, ce fut un moment très spécial. Le poids de la médaille contre votre poitrine, c’est l’émotion. L’émotion, vous n’arrivez pas à y croire. J’ai essayé de ne pas pleurer, mais je voulais fondre en larmes parce que c’était trop émouvant et excitant. Puis, quand je l’ai montrée à mes parents, ce fut un moment très précieux. Je n’avais jamais pensé à ce moment-là non plus.

Sur la rivalité Canada – États-Unis du temps où elle jouait

Nous ne nous aimions certainement pas. Quand nous étions plus jeunes, nous ne savions pas vraiment comment gérer ça. Je ne crois pas que les équipes savaient comment bien gérer ça à l’extérieur de la glace. Par exemple, si nous attendions l’ascenseur et que lorsque les portes s’ouvraient il y avait six Canadiennes à l’intérieur, nous attendions le prochain. Nous ne prenions pas celui-là. On n’avait pas vraiment le droit de parler à quiconque. Nous formions une équipe et elles formaient une équipe et nous étions distinctes. Il y avait beaucoup de regards foudroyants. Nous ne nous aimions pas. Mais au fil du temps, nous avons réalisé que nous voulions la même chose. Le respect s’est développé avec les années. Je pense que nous avons appris que cela se passait sur la glace et une fois que nous quittions la patinoire, ça s’arrêtait là.

Sur des adversaires canadiennes qu’elle a aimées comme personnes à l’extérieur de la glace

Hayley Wickenheiser et moi étions de grandes rivales. Même chose pour Cassie Campbell. J’ai appris à les connaître et ce fut totalement différent.

Angela James était la seule qui m’intimidait lorsque je jouais contre elle. Elle était une rivale redoutable. Elle était féroce. Mais depuis que nous avons été intronisées au Temple de la renommée ensemble, j’ai appris à l’admirer et je l’aime bien comme personne à l’extérieur de la patinoire. Et je n’aurais jamais pensé ça, car elle était tellement compétitive sur la glace. Nous n’aimions jamais jouer contre elle et nous ne voulions pas qu’elle ait la rondelle. Mais je l’ai croisée souvent lors des activités entourant le Temple de la renommée, et c’est une personne formidable. Ce fut vraiment cool de voir ce développement. Sa personnalité sur la glace était sa persona. Elle jouait de cette façon. À l’extérieur de la glace, elle était vraiment détendue et facile d’approche, une personne agréable à côtoyer.

Sur les différents styles des superpuissances nord-américaines aujourd’hui

D’après ce que je vois, les États-Unis ont beaucoup de vitesse, et le Canada joue un jeu nord-sud et il fait ce qu’il a à faire. C’est presque la même chose au sein des équipes nationales chez les hommes et les femmes. Les Canadiens sont des joueurs. Ils savent comment rehausser leur jeu lors de gros matchs.

Typiquement, les équipes américaines ont beaucoup d’habiletés et de finesse. Pour l’avoir suivie au cours des dernières années, je dirais que cette équipe en particulier est vraiment bâtie sur la vitesse.

À savoir si la mise en échec corporelle (actuellement interdite) a sa place au hockey féminin

Non. Je dis ça même si j’étais assez excitée que la mise en échec soit permise en 1990. J’avais cessé de jouer avec les garçons l’année précédente, et j’étais habituée à la mise en échec depuis le peewee. J’étais assez excitée qu’elle soit permise. Puis, j’ai foncé dans quelques filles de l’équipe suisse et ce fut comme heurter un mur de briques. J’ai dit « Whoa! Je ne sais pas si la mise en échec fait partie de mon jeu maintenant. » Pas qu’elle n’en ait jamais vraiment fait partie. Mais nous avons eu quelques blessures assez graves à cause de la différence dans la taille et la force de certaines femmes. Certaines étaient énormes. Il y avait des filles de 5 pieds 10 ou 5 pieds 11 et 190 livres et d’autres de 5 pieds 4, 125 livres. Ça ne concordait pas avec le jeu.

Beaucoup de gens disent que ce qu’ils aiment du hockey féminin c’est que la règle interdisant la mise en échec corporelle permet au jeu pur et vrai d’être mis en valeur. C’est une importante partie de notre jeu. Je crois que la mise en échec éliminerait ça.

 

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