Lorsque la vétérante de 28 ans, qui a pris part à trois Jeux olympiques, s’avancera sur la glace contre la République tchèque mardi, elle disputera son 200e match dans l’uniforme de l’équipe nationale.

Le chanteur populaire anglais Robert Palmer a élu domicile à Lugano, neuvième plus grande ville de la Suisse. Sa chanson phare est Addicted to Love, qui signifie accro de l’amour en français. Pour sa part, l’italophone Bullo est apparemment accro de hockey.  

« Cela revêt une grande importance », a dit Bullo à propos de ce jalon. « Je suis fière de faire partie de cette équipe. »

Bullo est née à Bellinzona à 40 minutes de Lugano où elle joue au hockey au sein d’un club. Mais son plus grand moment de fierté sur la glace est survenu il y a un peu plus de deux ans à Sotchi en Russie. L’équipe suisse a livré une chaude lutte à la Suède pour remporter la médaille de bronze olympique par la marque de 4-3.

Ce fut la première médaille olympique pour l’équipe féminine suisse et la première en hockey pour la Suisse depuis que l’équipe nationale masculine avait remporté le bronze à domicile à Saint-Moritz en 1928 et 1948.

Bullo a joué pendant 22 min 11 s dans le match pour la médaille de bronze, et 125 min 3 s au total à Sotchi. Ce fut plus que toute autre joueuse à l’exception des sœurs Marty, qui ont maintenant quitté la formation. Ce temps de glace illustre bien la confiance du personnel des entraîneurs envers cette vétérante qui mesure 1,6 m et pèse 54 kg.  

Et qu’a-t-elle fait de sa précieuse médaille de bronze?

« J’ai donné la médaille à mes parents, » a dit Bullo. « Je leur dois tout et ils méritent d’avoir la médaille. Quant à moi, j’ai tous les souvenirs de cette journée incroyable. »

Lorsque Bullo regarde de jeunes joueuses de talent comme Alina Muller, Phoebe Stanza et Lara Stalder, elle sait que l’avenir du hockey féminin suisse est entre bonnes mains.

« Elles possèdent toutes de bonnes habiletés et elles sont très talentueuses. Même si je suis une des plus âgées, je peux apprendre beaucoup d’elles. »

Même si elle aime passer du temps en compagnie de ses coéquipières, elle n’a pas pu visiter Kamloops avec elles, découvrir si le ski à la station Sun Peaks, qui se trouve tout près, se compare favorablement à celui des célèbres stations suisses, profiter d’un traitement au Sunmore Ginseng Spa ou encore aller voir les wapitis et les mouflons d’Amérique au BC Wildlife Park.   

« Nous n’avons pas eu beaucoup de temps pour nous promener à Kamloops, mais jusqu’à présent, j’aime ça ici », dit-elle. « Les gens sont si gentils et serviables. J’aime bien. »  

Au bout du compte, elle se concentre exclusivement sur le hockey.

Jouant aux côtés de la capitaine Livia Altmann, elle a obtenu deux mentions d’aide à leur premier match, une victoire sur le Japon. Il y a longtemps que Bullo est une puissance offensive auprès de son équipe de club; elle a accumulé 241 points en 154 matchs au fil des saisons régulières et 55 points en 49 matchs éliminatoires.

Toutefois, ce ne seront pas les statistiques individuelles qu’elle visera contre les Tchèques, qui sont passées à quelques secondes près de porter un point ou deux à leur fiche lors de leur premier match contre la Suède, une défaite de 3-2.

« Nous devrons être patientes, jouer notre système et jouer en équipe, » a déclaré Bullo. « Nous avons un très bon groupe, et c’est notre force. »

Voilà des mots de sagesse. D’accord, ils ne seront peut-être pas aussi célèbres que les paroles de Hermann Hesse, lauréat du prix Nobel et célèbre auteur du Loup des steppes et du Jeu des perles de verre, qui a aussi habité la région de Lugano pendant de nombreuses années.

Et après? Si la philosophie de Bullo lui permet ainsi qu’à ses coéquipières de remonter sur le podium ici à Kamloops, c’est tout ce qui compte. Une victoire sur la République tchèque pour souligner son 200e match avec l’équipe nationale serait certainement un pas dans la bonne direction.