Fédération internationale de hockey sur glace

La Russie fin prête

La Russie fin prête

L'équipe féminine vise une qualification olympique

Publié 25.03.2016 11:31 GMT-8 | Auteur Andy Potts
La Russie fin prête
L'attaquante russe Alvetina Shtaryova observe la période d'échauffement. Photo : Mika Kylmaniemi / HHOF-IIHF Images
L'équipe nationale féminine russe, qui se prépare pour le Championnat mondial de hockey sur glace féminin 2016 de l’IIHF, a peut-être une nouvelle avant étoile.

Alevtina Shtaryova, âgée de seulement 19 ans, a inscrit 29 buts en 24 matchs dans la Ligue de hockey féminin de la Russie la saison dernière. Elle a terminé la saison au sommet du classement des meilleures marqueuses, en plus de remporter une médaille d’or en aidant l'équipe Tornado de la région de Moscou à gagner le titre de championnat.

Après s'être fait connaître au Championnat mondial féminin des M18, elle a poursuivi son développement sur la scène internationale et s'apprête à faire ses débuts au niveau senior dans le cadre du Mondial féminin à Kamloops.

Sa transition à l'équipe nationale féminine a été facilitée par le soutien de ses coéquipières et des entraîneurs après ses trois années passées avec l'organisation du Tornado et l'équipe nationale junior, mais la jeune étudiante du collège spécialisé MosKomSport admet que la courbe d'apprentissage est abrupte.

« Évidemment, il y a une grande différence entre les niveaux senior et junior du hockey féminin », affirme-t-elle. « Le jeu est plus rapide ici, les gardiennes de but et les défenseures sont plus expérimentées, donc, comme les autres avants, je dois redoubler d'efforts pour marquer. Le jeu d'équipe et la vitesse d'esprit sont beaucoup plus importants à ce niveau. Une passe réussie sera souvent plus efficace que certains élans individuels qui peuvent fonctionner dans les rangs juniors. Aussi, la forme physique joue un rôle immense. »

Si elle est retenue au sein de la formation définitive par Mikhail Chekanov pour Kamloops, Shtaryova souhaite aider la Russie à se classer parmi les cinq meilleures équipes, obtenant ainsi automatiquement sa qualification pour les Jeux olympiques de 2018 à PyeongChang, en Corée. Participer aux Jeux olympiques est l'un de ses principaux objectifs à long terme, mais la joueuse native de Moscou s'avoue plutôt réticente à faires des plans d'envergure quant à son avenir.

« C'est difficile pour moi d'évaluer mes propres perspectives de carrière, mais je ferai tout en mon pouvoir pour aller jusqu'au bout de mes ambitions », ajoute-t-elle. « Je suis très reconnaissante envers Alexei Chistyakov, mon entraîneur avec le Tornado, qui a partagé son expérience et ses conseils avec moi au cours des trois dernières années, en plus de travailler à cultiver le professionnalisme de l'équipe. »

Parallèlement à sa carrière de joueuse, Shtaryova prévoit poursuivre ses études à un institut sportif pendant la prochaine année scolaire pour se doter d'habiletés d'entraîneure qui s'ajouteront à son expérience grandissante de joueuse.

Elle souhaite aussi voir le hockey féminin se développer en Russie, d'abord par le déploiement d'efforts soutenus de sensibilisation.

« Pour que des filles rêvent d'une carrière au hockey, il faut que les gens partout au pays comprennent que le hockey féminin existe », soutient-elle. « Nous devons en faire davantage la promotion, surtout dans les médias. On voit du hockey masculin sur toutes les chaînes à la télévision, on entend parler de chaque tournoi, mais lorsque ce sont les femmes qui participent à une compétition, peu de gens peuvent suivre leur parcours. »

« J'aimerais penser que de plus en plus de filles s'intéressent au hockey et y trouvent des bénéfices. Notre équipe va s'améliorer, et nous serons ensuite en mesure de rivaliser avec les Canadiennes et les Américaines. »

La décision d'intégrer la ligue de hockey féminin dans la structure de la KHL avait pour but d'aider à populariser le sport, et ce système revampé a déjà profité à certains égards à l'équipe nationale russe. Toutefois, l'entraîneur-chef Chekanov admet qu'il reste certains problèmes de base à régler.

« Cette année, nous avons rehaussé la compétition au sein de notre ligue », raconte Chekanov au IIHF.com. « Le niveau de forme physique et de préparation de la plupart des candidates de l'équipe nationale est supérieur cette saison. Par contre, il y a moins d'équipes qui ont pris part au championnat russe, ce qui veut dire que le bassin de joueuses est réduit. »

« Les conditions semblent prometteuses pour l'équipe nationale féminine et l'équipe junior, mais nous avons constaté que certaines joueuses ayant le potentiel de jouer sur la scène internationale ont manqué de temps de jeu. Avec un peu de chance, le calendrier de notre championnat national sera plus chargé à la prochaine saison. »

Olga Sosina, une vétérante ayant déjà disputé quatre championnats mondiaux féminins et deux tournois olympiques à seulement 23 ans, a elle aussi été impressionnée par le niveau de compétition dans la ligue revampée. Elle est passée de l'équipe SKIF de Nizhni Novgorod à l'équipe Agidel d’Oufa pendant l'été et elle a terminé la saison au premier rang des pointeuses grâce à une récolte de 27+31=58, aidant son équipe à se hisser en deuxième place derrière le Tornado.

« La compétition est plus féroce », estime-t-elle. « Même les équipes négligées à la saison précédente ont commencé à performer contre les meilleures équipes, et nous n'avons pas vraiment vu de matchs à sens unique ni de matchs remportés facilement. La prochaine saison, j'espère qu'il y aura plus d'équipes qui disputeront le championnat, et ce serait vraiment bien qu'une équipe étrangère y participe. »

Cette année, Sosina a été déçue notamment du départ d'un grand nombre de joueuses importées qui jouaient précédemment en Russie.

« Les jeunes joueuses russes profitent de plus d'occasions de se faire valoir, mais, évidemment, c'est décevant que nous n'ayons plus autant de joueuses étrangères », explique-t-elle. « J'aime toujours jouer avec elles et, surtout, contre elles. Rien ne vaut l'expérience internationale. »

Outre la ligue de hockey féminin, d'autres signes encourageants témoignent d'une infrastructure de hockey féminin solidifiée dans l'ensemble en Russie. En 2015, une nouvelle ligue interrégionale de hockey féminin amateur comptant 22 équipes a été créée, donnant la chance à plus de 400 joueuses de réellement goûter au hockey compétitif.

Les difficultés économiques constantes de la Russie ne se sont pas avérées trop dommageables, ce que l'entraîneur-chef Chekanov attribue à l'importance des liens étroits entre les équipes masculines bien établies et leurs contreparties féminines.

«Nous comptons aussi sur l'appui des clubs de la KHL et de la VHL. C'est certain que la crise expose tous les sports professionnels à une situation difficile, mais nous souhaitons tout de même voir se former de nouvelles équipes », ajoute-t-il. « Les régions de Bashkiria et de Krasnoyarsk sont de bons exemples. À Oufa, il y a une équipe féminine, Agidel, qui est en place depuis plus de cinq ans au sein de l'organisation Salavat Yulayev, et, à Krasnoyarsk, l'équipe Biryusa est financée par l'intermédiaire de Sokol. »

Avec la diffusion imminente des matchs de la Russie partout au pays sur la nouvelle chaîne Match TV, une bonne performance au Canada constituerait une étape importante en vue du maintien des progrès amorcés il y a deux ans à la suite des Jeux olympiques. Le fait que la Russie fasse partie du groupe A à Kamloops représente déjà une amélioration. L'équipe doit maintenant se servir de cette réussite comme tremplin tandis qu'elle s'opposera aux géantes de l'Amérique du Nord en ronde préliminaire. Pour Chekanov, cette situation se traduit par des objectifs précis – même si la Russie et ses équipes voisines en Europe auront encore besoin de temps avant de pouvoir tenir tête à leurs rivales transatlantiques.

« Nous serons capables de rivaliser avec nos adversaires nord-américaines lorsque nous nous rapprocherons de l'ampleur et de la popularité du hockey féminin au Canada et aux États-Unis », soutient-il. « Pour l'instant, nous avons deux objectifs – assurer notre participation aux Jeux olympiques et offrir de bonnes performances. »

 

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