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Derrière le banc

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L’ancienne joueuse Laura Schuler dirige le Canada

Publié 08.03.2016 08:00 GMT-8 | Auteur Rob Del Mundo
Derrière le banc
La nouvelle entraîneure-chef de l’équipe nationale féminine, Laura Schuler. Photo : Jana Chytilova / HHOF-IIHF Images
Forte de ses 12 années au sein de l’équipe nationale féminine du Canada, la vétérante Laura Schuler n’a jamais cessé d’étudier le hockey.

Après avoir remporté trois titres du Championnat mondial féminin et une médaille olympique d’argent, la joueuse originaire de Scarborough, en Ontario, doit maintenant diriger l’équipe dont elle a déjà été l’étoile, aspirant à connaître de nouveau autant – sinon plus – de succès.

Schuler, âgée de 45 ans, a été nommée entraîneure d’Équipe Canada le 19 juin 2015. Un peu moins de cinq mois plus tard, lors de son premier grand test derrière le banc de l’équipe senior, les Canadiennes ont dû se contenter d’une médaille d’argent à la Coupe des 4 nations à Sundsvall, en Suède, à la suite d’une remontée victorieuse orchestrée par les États-Unis en finale, couronnée par le but en prolongation d’Hilary Knight.

« Nous avons généré beaucoup d’occasions de marquer, mais, malheureusement, nous n’en avons pas assez profité », avait affirmé Schuler après l’échec du Canada à défendre son titre dans ce tournoi.

Évidemment, Schuler est bien au fait de l’intense rivalité entre les deux superpuissances nord-américaines du hockey féminin. Chacune des médailles d’or qu’elle a remportées lors de championnats du monde – en 1990, en 1992 et en 1997 – l’a été aux dépens de ses voisines au sud du Canada. Toutefois, sa seule participation aux Jeux olympiques, en 1998 à Nagano, au Japon, s’est terminée de manière crève-cœur lorsque les Américaines ont gagné l’or à la première apparition du sport aux Jeux olympiques d’hiver.

« Ça a toujours été une chaude lutte contre les Américaines, ce l’était déjà dans les années où je jouais », affirme Schuler. « Pendant l’année 1998, avant les Jeux olympiques, nous les avons affrontées 20 fois. Nous avons gagné dix fois, et elles ont gagné dix fois. Donc, la lutte a toujours été chaude contre elles, et elle continue de l’être. »

La saison 1989-1990 a marqué non seulement le début du Championnat mondial féminin, mais aussi celui de la carrière universitaire de Schuler après son inscription à l’Université Northeastern, à Boston. En quatre saisons avec les Huskies, Schuler a cumulé 64 buts et 121 points en 99 matchs. Ses accomplissements lui ont valu plus tard l’honneur d’être intronisée au temple de la renommée de l’université.

Après avoir obtenu son baccalauréat en santé cardiovasculaire et en activité physique, Schuler a passé deux saisons à l’Université de Toronto, portant les couleurs des Varsity Blues tout en étudiant les sciences de l’activité physique.

Puis, en 1997-1998, Équipe Canada a invité Schuler à participer aux Jeux olympiques. Pour sa préparation, on lui a immédiatement proposé un programme d’entraînement accéléré comme elle n’en avait jamais connu auparavant.

« À l’université, nos entraînements n’étaient pas aussi poussés que ce que les athlètes font aujourd’hui », déclare-t-elle. « Ce n’est qu’au moment de notre cycle olympique et de la première année où j’ai été centralisée que nous avons vraiment commencé à nous entraîner très intensément. »

À la fin du match pour la médaille d’or à Nagano, dans l’ombre du drapeau américain hissé en première place dans les hauteurs du Big Hat Arena, Schuler et ses anciennes coéquipières des Varsity Blues Jayna Hefford et Lori Dupuis pleuraient à la ligne bleue, leur rêve olympique brisé.

Schuler est demeurée au sein de l’équipe nationale jusqu’en 2001, lorsqu’elle a troqué ses patins pour un sifflet. Prenant sa retraite comme joueuse, elle a fondé le programme de hockey féminin à l’Université du Massachusetts, à Boston, qu’elle a dirigé à titre d’entraîneure pendant trois ans. Ce rôle comblait le désir que Schuler entretenait depuis toujours de devenir une mentore.

« Au début, quand j’étais petite, je voulais devenir enseignante », révèle-t-elle. « Mais le métier d’entraîneure n’était pas vraiment une option viable à cette époque. « Malgré tout, je me souviens toujours que, comme joueuse, j’aimais me servir du tableau de l’entraîneur et discuter de la logique derrière les tactiques et les stratégies que nous utilisions. J’ai toujours voulu être entraîneure, mais j’ai été vraiment chanceuse, parce que c’est devenu une occupation viable tout juste comme je me retirais du programme national. Dès que la possibilité s’est offerte à moi, j’ai tout de suite bondi sur l’occasion. »

À sa dernière saison à l’Université du Massachusetts, en 2003-2004, Schuler a remporté le titre d’entraîneure par excellence de l’Eastern College Athletic Conference. Elle a dirigé l’équipe de son alma mater, Northeastern, pendant trois saisons avant de se joindre à l’Université de Minnesota Duluth dans un rôle d’entraîneure adjointe à Shannon Miller, l’entraîneure de l’équipe olympique du Canada en 1998.

Forte d’une expérience de 12 saisons à titre d’entraîneure au niveau universitaire américain, Schuler a dirigé Équipe Canada une première fois en 2013-2014, prenant la barre de l’équipe des moins de 18 ans. Lors du Championnat mondial féminin des moins de 18 ans de l’IIHF à Budapest, en Hongrie, les jeunes Canadiennes ont remporté une troisième médaille d’or de suite.

« C’était un moment absolument incroyable pour moi, et j’étais entourée de joueuses tout à fait remarquables », se souvient Schuler. « J’ai été tellement chanceuse de pouvoir diriger toutes ces jeunes extraordinaires qui ont poursuivi leur parcours au sein de notre équipe nationale. C’était une expérience incomparable de gagner en tant qu’entraîneure, après l’avoir fait comme joueuse. Le plus important pour moi est de savoir que j’ai pu avoir un impact dans le développement de ces jeunes. »

Le prochain défi qui attend Schuler est d’aider son pays à reconquérir le Championnat mondial féminin. Le Canada a perdu aux mains des États-Unis lors des deux dernières éditions, en 2013 et en 2015, alors qu’il a remporté le tournoi olympique à Sotchi en 2014. La pression du retour à la gloire est amplifiée par le fait que l’édition de cette année a lieu au pays, à Kamloops, en Colombie-Britannique.

Si la logique est respectée, ce sera la feuille d’érable et la bannière étoilée qui se disputeront le championnat, encore une fois. « Chaque fois qu’on assiste à ce niveau de compétition, quand la compétition est aussi forte, c’est le hockey féminin dans son ensemble qui en profite », soutient Schuler.

Au fil de chacun de ses accomplissements, tant comme joueuse que comme entraîneure, Schuler ne cesse jamais d’apprendre. L’élève est devenue le maître, mais à mesure que le sport évolue, la soif de savoir se voit renouvelée. C’est le message que Schuler souhaite transmettre à ses joueuses, qu’elles soient de vertes recrues ou des vétérantes aguerries.

« Évidemment, au fil des années, tu continues à découvrir le hockey, un peu plus chaque jour », affirme-t-elle. « J’aurais aimé savoir tout ce que je sais aujourd’hui lorsque j’étais joueuse. Peut-être que j’aurais pu prolonger ma carrière! Il reste que j’aurais aimé être encore plus désireuse d’apprendre à cette époque. »

 

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